Sans surprise j'ai détesté presque tout...

J'avais encore un peu d'espoir d'explorer Vecna, un méchant qui, malgré tout ce que je peux penser de la saison, en jette pas mal. Rien de tout ça. C'est d'une simplicité risible, et au risque de me répéter, c'est toujours le degré 0 d'imagination. Le lore de la série en ressort enrichi par la saison dans son entièreté, mais ça se discute, et quoiqu'il en soit ce n'est pas grâce à ce final. Le seul """"twist"""" de l'épisode (comptez-bien les guillements, j'en ai mis un duo par saison) c'est qu'il est à l'origine du monstre araignée des autres saisons. Ce. qui. était. évident. (pour le spectateur, je veux bien qu'Eleven soit surprise, m'enfin).

C'est de façon évidente une piètre tentative (à mes yeux, même si ça reste une tentative) pour les showrunners de lier leurs saisons et de donner une forme de cohérence à leur univers. Sauf que même en fermant les yeux sur le "retcon" (parce que franchement, tout ça n'avait vaguement aucun sens en saison 1/2 et on s'en contentait très bien), et en louant leur envie de changer un peu et de développer quelque chose sur plus d'une saison... que c'est pauvre et peu ambitieux ! Vecna dit texto : "j'ai essayé de te contacter, Eleven, par trois fois, en vain, alors j'ai développé cette idée de portails moi-même pour revenir dans votre monde". C'est littéralement juste ça. Même remarque qu'à l'épisode du twist sur son identité : ça ne raconte rien. Ok la grosse araignée était sa création tandis que les "petites" créatures ressemblant aux chauves-souris ou aux claqueurs ne sont que des monstres de l'enfer.

Et alors pourquoi les portails ? Pourquoi Max et les gens fragile ? On pourrait trouver des explications un peu oniriques et se contenter d'une forme de mystère conservé, pour ne pas briser tout le charme du méchant et de l'upside down. Why not, d'ordinaire je suis partisan de ne pas tout expliquer, mais quand ils crééent un méchant spécifiquement pour expliquer des choses et que c'est si limité... Car du coup, en ayant expliqué des trucs mais à moitié et de façon bancale, on perd beaucoup dans le charme de la série à ses débuts, on y perd en mystère et en charisme. Il était temps d'évoluer après quatre saisons, donc je ne m'en plaindrais pas trop, cela dit.

Au moins, ils construisent leur fin de série en ne tuant pas Vecna. Même si c'est très mal fait dans l'exécution selon moi, cela a le mérite de ne pas demander d'introduire un nouveau méchant dans l'ultime saison, voire, qui sait, de le développer vraiment. Ou de développer un peu plus sa relation avec Eleven : leur discussion dans cet épisode est, pareil, ultra vide, et à moins de verser dans un cliché de type rédemption, je ne vois pas ce qu'ils peuvent faire de plus avec ce personnage, mais j'espère me tromper, qui sait...

Tout le climax face à lui m'a insupporté. Je suis assez bon client, dans les films, de faire un montage entre plusieurs groupes qui luttent dans plusieurs lieux, où l'étau se resserre petit à petit sur chacun, où on sent que tout est perdu... avant qu'une action d'un personnage (ou un deus-ex machina parfois) ne vienne sauver tout le monde petit à petit... Encore faut-il que ces groupes de personnages aient des liens, et aussi, que ce procédé ne soit pas utilisé à CINQ reprises. Qu'Eleven trouve une force miraculeuse en elle pour neutraliser Vecna après s'être débattue sur ses tentacules pendant 10 minutes, écoutez, why not. Mais oh cela donne la force à Lucas de renverser la situation face au bully. Et à Eddie et Dustin de jouer les héros. Et à Nancy/Steve/Robin de s'en tirer. Et à Joyce de venir avec un pic électrique sauver Hopper en Russie. Purée c'est lourd quoi. Et bordel mais JPPPPPPP de la Russie quoi ! Encore que Vecna affaibli permettent aux groupes de l'Upside Down de s'en tirer, ça va, mais Lucas et la Russie étaient de trop. Et ce moment super cheesy où Hopper dit "on va donner une chance aux gosses" c'est pas possible, tu le prends dans n'importe quel sens c'est une incohérence incroyable : ya aucun lien entre les deux intrigues à ce stade. Sans parler du timing parfait de tout ce montage, sur lequel je n'ai juste pas envie de fermer les yeux, mais qui m'amuse juste on va dire. J'ai aussi beaucoup ri quand à la fin durant les retrouvailles, Jonathan dit "je ne pouvais pas vous contacter c'était trop dangereux", j'ai senti les scénaristes qui disaient "mais si vous voyez pourquoi c'était juste impossible que nos personnages se retrouvent plus tôt"...

Et puis à nouveau même en termes de scènes d'action/de show, ce climax, je le trouve vachement pauvre : Eleven trouve juste encore la force en elle de nulle part de contrecarre Vecna, alors que la saison avait démarré par l'idée (osée) de lui supprimer ses pouvoirs et qu'elle était à son plus bas il y a peu... Globalement c'est mauvais. Après, le discours power of love de Mike n'est pas quelque chose qui me gêne, j'apprécie une série qui n'a pas peur de verser dans le pathos et c'est plutôt bien joué et bien monté. Mais avait-on vraiment besoin de ce "cut" noir au montage au pire moment, avant que Eleven ne renverse Vecna ? Et ne pouvait-on pas trouver meilleur challenge à Eleven qu'un Vecna qui, subitement, n'est plus OP comme il l'a toujours été, et se laisse juste démonter ? Ce poncif est vraiment insupportable...

Franchement, Eleven est vachement cool hein, mais tu prends n'importe quel fichu film de super-héros lambda de ces 20 dernières années, des très bons X-Men aux Spiderman de Raimi en passant par n'importe quelle phase du MCU qui se prend au sérieux, même dans les DCs les plus pourris, et tu trouves au moins UNE utilisation de superpouvoir plus intéressante et créative que le néant absolu que nous sert Stranger Things. Millie Bobbie Brown fait ce qu'elle peut mais vraiment, ça tourne en rond, et ça tourne en rond depuis trois saisons. Et la façon dont elle se libère des tentacules était vraiment très mal faite en plus, si je puis me permettre, tu sens absolument pas la force, et ya des faux raccords entre les plans quand elle fait face à Vecna.

Et là où ils auraient au moins pu toucher la corde sensible avec Max (je ne compte pas le pantin d'Eddie qui n'a servi que pour l'intrigue comme vraie conséquence), ils se débinent à la dernière minute avec une idée pourtant intéressante : faire d'Eleven non pas une destructrice, mais une guérisseuse. Super ! Une nouvelle idée... sauf qu'encore une fois c'est passé sous ellipse, avec un montage hasardeux qui nous fait comprendre que Max est désormais dans le coma, prête à bondir en saison 5. J'adore Max, c'est vraiment sans doute le personnage le mieux écrit de la saison grâce à l'épisode 4 et sa scène marquante, et j'aurais détesté qu'elle soit la seule à clamser alors que tout le groupe de base des saisons 1 et 2 est encore vivant. Mais quand même, une mort, ça fait de l'ampleur, et là c'est juste un non-traitement des conséquences.

Millie Bobbie Brown a critiqué avec amusement le fait qu'aucun personnage ne meurt dans sa série, en citant Game of Thrones comme exemple, tandis que les frères Duffer se sont défendus en disant qu'ils ne souhaitent pas faire de Game of Thrones et que chaque mort dans leur univers serait "délicate" et aurait beaucoup trop de conséquences parasites, en citant la mort de Barbara comme exemple d'un passage traumatisant pendant plus de deux saisons. Oui mais si l'aftermath Barbara a duré aussi longtemps (et que même moi j'ai bondi à sa mention dans un épisode précédent), c'est parce que comme avec toute la série : il n'a pas été traité. Sans faire du Game of Thrones (qui avait pourtant plein de personnages "intouchables" aussi au passage quand tu prends la série dans son entièreté), on peut trouver un juste milieu. L'univers de Stranger Things pourrait tout à fait laisser sa place aux conséquences et aux horreurs de tels événements, les Duffer Brothers n'ont juste pas envie de l'écrire.

Et d'ailleurs, que font-ils à la fin de cette saison malgré tout, parce qu'à un moment le "réalisme" qu'ils visent doit quand même exiger des pertes ? Hawkins est en partie détruite et il y a "plus de 22 morts" dans la ville... presque que des personnages hors-champs. On t'annonce ça avec une absence totale de panache et je suis prêt à parier que ça n'aura aucune conséquence, et que même les parents ne vont sûrement pas changer leur comportement en saison 5. Ah si, la mère de Mike "ahah t'iras pas à la fac hein tu restes près de moi" lol, retrouvailles, sourire et regards gênés dans les triangles amoureux. Sur moi ça ne fonctionne juste pas du tout...

Pour moi les scénaristes avaient toutes les opportunités d'élever vraiment leur univers, et par fainéantise, ou bien par peur de ne pas savoir comment faire, ils ne le font jamais, à aucun moment. Le statut quo n'évolue que marginalement : la seule victime est Eddie, tout est bien qui ne finit pas, "attention Vecna reviendra", etc.

Je ne suis pas expert sur la période 80's tellement choyée par la série et sur laquelle toute la nostalgie se fonde, mais je crois tout de même savoir que certains des meilleurs films de l'époque incluent tout de même des choses glauques, noires ou juste des conséquences. Là, on a juste les Simpsons de la SF, où tout est reboot à chaque fin de saison et où les personnages ne grandissent que parce que les acteurs vieillissent. S'ils pouvaient garder des enfants pendant 8 saisons, ils l'auraient fait je pense (la preuve avec Eleven qui semble toujours contraint de revenir dans son staut de saison 1).

J'ai conscience que bien des ficelles que je décris sont présentes dans plein d'autres oeuvres, que ce soit les actes d'héroïsme, les montages alternés, les faux-raccords, les scènes de retrouvailles, les secondaires morts à cause du plot armor du casting principal, etc. Mais vu que, à mes yeux, le show ne propose rien, ils ne restent justement que ces ficelles à voir. Pour moi, la scénographie est tellement mal faite que je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel et de regarder les opérateurs qui tirent les ficelles dans un décor en carton.

Heureusement que les acteurs donnent vie à leurs personnages pour la plupart car sinon, ça ne serait vraiment que de la poudre aux yeux. Je salue d'ailleurs le fait que l'épilogue soit si long, je trouve ça toujours très cool et je déteste le fait que la mode de plus en plus soit de racourcir les épilogues au profit de climax d'action (cet épisode étant tellement long, il peut se permettre de faire les deux, ce qui n'est pas plus mal)(même si cela va sans dire, il était BEAUCOUP trop long, hein).

Mais en vrai, c'est pareil, l'épilogue ne fait rien avancer : c'est soit prévisible (Robin et son crush...), soit c'est du surplace (Jonathan et Nancy qui ne se parlent pas, Mike et Eleven, Eleven qui se questionne sur sa légitimité...). Normal en même temps, comme tous les personnages étaient séparés pendant toute la saison, et que celle-ci a beaucoup brassé de vents : difficile de revenir direct faire bouger les choses, en faisant imploser le couple Nancy/Jonathan, par exemple. On garde donc ça pour après et au lieu de ça, on remet la musique culte avec Will qui a un frisson, on fait des blagues mais on se serre les coudes et tout ira bien.

Sauf qu'en ne donnant au public que ce qu'il veut voir, les Duffer Brothers ne font selon moi que cocher des cases de leur cahier des charges, ne prennent toujours aucun risque, et représentent pour moi vraiment le syndrome horrible en fiction en ce moment des oeuvres qui ne font que gaver le public prêt à hurler au génie tant qu'on va dans leur sens, tout en jaugeant que la moindre auto-citation ou exploitation du lore sera du "fanservice" bon à bannir, sans se rendre compte que c'est ce qu'il se passe de toute façon, en plus subtil.

Et c'est quand même con car j'ai envie d'aimer cette série : ya quand même une identité visuelle sympa (même si vraiment jusqu'au bout la bouillie d'effets de nuit dans l'Upside Down, ça m'a soulé cette saison, et que c'est trop sombre comme d'hab), un casting attachant. Et puis surtout, des personnages variés qui ne suivent pas les clichés de l'époque dont ils s'inspirent, surtout pour les personnages féminins (l'amitié Max/Eleven en flashback, c'était cool) mais ça vaut aussi pour les persos masculins comme Steve, loin de la figure beauf et bully - figure ouvertemment critiquée à travers le petit ami sportif. Bref ça fait série populaire geek grand public, qui peut parler à tout le monde et qui ne froissera personne.

Mais rien n'y fait, je trouve du coup que la série ne parle finalement de rien, et à personne, ou en tout cas pas du tout à moi.

Peut-être que dans son ultime saison, la série sortira au moins une fois ou deux de ses sentiers battus et proposera une conclusion marquante...

Les amis, j'ai l'impression qu'on n'a pas du tout regardé la même série.

Ok y'avait du spectacle, mais on a vu ça 200 fois dans la série, donc bof quoi. Puis pour qu'au final on nous tease une suite identique.... Quelle souffrance cette saison.